Presque aucun jour ne passe sans que les hôpitaux publics ne fassent la une des journaux. Patients décédés dans les couloirs, services d’urgence fermés, soignants épuisés, infirmiers manquants… La situation ne cesse de s’empirer, et le gouvernement ne fait rien pour l’améliorer.

Depuis des années, les personnels de santé décrivent une situation désastreuse à l’hôpital, situation qui ne cesse de se dégrader, particulièrement depuis l’épidémie de coronavirus, de grippe et de bronchiolite. Face à la catastrophe qui s’en vient, le gouvernement est longtemps resté sourd face aux revendications. Mais, face à la hausse de la contestation, et aux derniers événements dramatiques survenus aux urgences, le gouvernement d’Emmanuel Macron a annoncé le prolongement de la “mission flash”, censée résoudre tous les problèmes, ainsi que le rallongement de l’enveloppe de 600 millions d’euros, dans le cadre du débat autour du budget rectificatif de la Sécurité sociale (débat lors duquel sera débattu la réforme des retraites). Ces annonces font écho à celles faites lors des voeux des soignants le 30 janvier dernier, lors desquelles le président avait annoncé la fin de la sortie du tarif à l’acte (T2A), décrié par les soignants puisqu’ils les incitent à pratiquer des soins considérés comme rentables, pour répondre à la logique de rentabilité installée depuis 2004. Plus concrètement, les hôpitaux sont en grande partie financés par la T2A, ce qui incite les praticiens à faire du travail à la chaîne, et le plus souvent en ambulatoire, dégradant non seulement les conditions de travail des soignants, mais également les soins apportés. Une vision totalement déshumanisée de l'hôpital. Repenser la santé en Europe
Au niveau européen, la Commission a présenté un plan en faveur de la santé : le programme 2021-2027. Adopté en réaction à la pandémie de Covid 19, il prévoit l’investissement de 5,3 milliards d’euros sur la période. Le but est multiple : promouvoir la santé notamment à travers la prévention, protéger les citoyens face aux menaces transfrontalières, assurer l’approvisionnement des médicaments et traitements en cas de crises et renforcer les systèmes de santé publics dans les Etats-membres. Une volonté louable, certes, mais insuffisante.
Mais le principal enjeu est ailleurs. Pour nous soigner, nos systèmes de santé ont besoin de moyens suffisants. Et là encore, l’Union européenne n’est pas à la hauteur. En imposant austérité et autres “rationalisation des dépenses”, Bruxelles a mis à mal nos hôpitaux. Au détriment du personnel soignant et in fine des patients. Pour atteindre nos objectifs, la solution est claire : il faut sortir de l’austérité imposée à nos services publics, et en particulier le service public de santé. Pour cela, cessons d’imposer le dictat de l’objectif de déficit public limité à 3%. La santé, c’est pour les gens, à n’importe quel prix.
Socrate disait : “Existe-t-il pour l’Homme un bien plus précieux que la santé ?”. Non. Mais les gouvernements successifs semblent l’avoir oublié. Même le thinkthank Jacques Delors, pourtant libéral, rappelle que “des systèmes de santé solides et résiliants ne sont pas un coût pour la société, mais un investissement de long terme et un impératif de solidarité et de prospérité.” Écoutons-le. Ce système est à bout de souffle, il est temps de lui redonner de l’air.
Anne-Sophie Pelletier